Rencontre

Publié le par Guido De Volder

Rencontre avec M. Guido De Volder du Respect de la Vie - Mouvement d'Éducation de la région de Montréal

 

Monsieur de Volder, dans quelle capacité travaillez-vous pour le Respect de la Vie de Montréal ?

Nous y oeuvrons de façon autonome, dans la capacité de nos compétences, tout en honorant ce que stipule le mandat de l'organisme, c'est-à-dire l'éducation au respect de la vie à partir de la conception jusqu'à la mort naturelle. Comment? Par l'organization de conférences académiques, sur la bio-éthique, p.ex., avec le Prof émérite Dr Benjamin Simard, sur l'euthanasie et l'aide au suicide, avec le Prof Dr Joseph Ayoub de l'Université de Montréal; par la distribution de brochures et de dépliants scientifiques publiés par la Maison d'éditions Vivere, dirigée par M. Ward O'Connor, président national du RVME et par la secrétaire générale du RVME, Mlle Isabelle Bégin. De plus, nous analysons et intervenons constamment dans les médias afin de les informer sur les aspects bio-éthiques en ce concerne le respect de la vie.

Quelle loi gouverne la pratique de l'euthanasie au Canada présentement?

Jusqu'à nouvel ordre, l'article 241, § 222 qui traite de l'euthanasie et § 241 qui s'occupe de l'aide au suicide, du Code criminel du Canada, interdit l'euthanasie aussi bien que l'aide au suicide sous peine de quatorze(14) ans d'emprisonnement. Cet article a été appliqué à quelques reprises dans un passé récent dans des cas particuliers comme celui de Mme Marielle Houle, p.ex., qui a reçu trois ans avec sursis pour avoir aidé son fils Charles Fariala à mourir.

Quels projets de loi proposent de changer cette loi et comment ?

Le 15 juin 2005, la députée de La Pointe-de-l'Ile, Mme Francine Lalonde avait déposé, en première lecture, à la Chambre des Communes, un projet de loi privé C-407 sur le droit de mourir dignement.

Comment?

En admettant qu'un malade incurable en phase terminale ou souffrant de douleurs physiques et mentales aiguës, d'au moins 18 ans, exprimant, dans un intervalle de plus de 10 jours, dans un état 'apparemment lucide', deux fois son désir de mourir, devant un médecin ou à la personne aidante, se fasse, suite à un diagnostic de deux médecins, donner la mort.

Ce projet de loi privé fut abrogé en novembre dernier lorsque le Parlement fédéral fut dissout en vue de nouvelles élections qui ont eues lieu le 27 janvier dernier. En effet, lors du Colloque sur L'Euthanasie et l'aide au suicide: un choix individuel ou collectif?, organisé à l'UQàM, le 7 avril dernier, Mme Lalonde avait annoncé qu'elle aurait l'intention de ré-introduire son projet de loi "plutôt tôt que tard" dans la présente session du Parlement. Cela n'a pas encore été fait.

Quels arguments la communauté scientifique oppose-t-elle aux changements proposés*?

Le Prof. Patrick Vinay, MD, PhD., Professeur au Département de Médicine et des spécialités médicales, à l'Université de Montréal et médecin à l'Unité des soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame, met l'accent sur l'urgence d'offrir de meilleurs soins palliatifs afin de permettre aux patients de vivre pleinement leur vie jusqu'au bout, même en phase terminale.

Le Prof. Brian Mishara, PhD., Professeur au Département de Psychologie à l'UQàM et Directeur du Centre de recherche et d?intervention sur le suicide et l'euthanasie (CRISE) à l'UQàM, critique courageusement le projet de loi de Mme Lalonde. En premier lieu, pour ce qui a trait à sa formulation, en exprimant de sérieuses réservations concernant l'expression "apparemment lucide" - comme une des conditions nécessaires pour qu'un patient puisse exprimer son désir de mourir. Deuxièmement, contrairement aux conditions légales exigées en Hollande et en Belgique, le projet de loi de Mme Lalonde permettrait à une tierce personne de participer à la mise à mort d?un patient 'apparemment' lucide. Finalement, le Prof. Mishara est d'avis que de bons soins palliatifs ne sont pas toujours disponibles au Canada ou au Québec, du moins pas encore. Par contre, le suicide est déjà décriminalisé au Canada depuis 1972 ainsi que le refus de traitement médical par le patient et la possibilité d'administrer des médicaments au patient ayant le double effet de le tuer éventuellement dans le processus.

Mme Renée Joyal, LL.D., avocate et professeure associée à la Faculté de science politique et de droit à l'UQàM, exprime clairement son soucis que le droit à la mort ne devienne éventuellement le devoir de mourir. Selon Mme Joyal, tout devrait donc être fait pour prévenir une banalisation du droit à la vie, à la liberté et à la dignité.

*Points de vue recueillis lors du Colloque sur L'euthanasie et l'aide au suicide : un choix individuel ou collectif?, tenu à l'UQàM, le 7 avril dernier.

Finalement, dans une entrevue accordée le 31 juillet dernier au quotidien The Ottawa Sun, le Dr Joseph Ayoub, oncologue renommé et professeur en éthique médicale à l'Université de Montréal, déclara que : "l'euthanasie et l'aide au suicide n'honorent pas la dignité humaine - particulièrement pas dans une époque de grandes percées dans le domaine de la médecine qui le rendent possible de guérir de plus en plus de patients, physiquement aussi bien que psychologiquement". Pour Dr Ayoub, « rendre possible l'euthanasie et l'aide au suicide ne serait que le début d'une lente descente sur une pente glissante sans fin, commençant par l'élimination de patients souffrant du cancer ou d'autres maladies incurables, puis par celle des personnes handicapées physiquement... puis celle des vieillards dans les maisons de repos...etc..etc... ».

Quelle est la position de l'Église catholique concernant l'euthanasie?

L'Église catholique s'oppose formellement* à la pratique de l'euthanasie directe ou active. Elle la considère comme une action ou une omission moralement irrecevable et donc comme un meurtre qu'il faut toujours proscrire et exclure. Elle refuse par contre "l'acharnement thérapeutique" tout en propageant les soins palliatifs comme "une forme privilégiée de la charité désintéressée".

*Cf.: Le Catéchisme de l'Église catholique, # 2276 à 2279.

 

 

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